[Cet article est initialement paru en décembre 2012] Analyses et statistiques relatives à la cybercriminalité prolifèrent depuis quelques années. Pour autant, rares sont les études qui posent un regard critique sur ces « expertises ». Franck Guarnieri, directeur du Centre de recherche sur les Risques et les Crises de Mines ParisTech, et Eric Przyswa, chercheur dans ce même Centre, suggèrent de remédier à cet écueil en étudiant les différents biais créés par « l’expertise » en matière de cybercriminalité. Ils discutent la qualité des sources d’information privées ou publiques et le poids excessif du juridique dans les expertises. Les auteurs défendent l’idée que la cybercriminalité s’apparente davantage à une construction sociale complexe, permettant d’entretenir un climat de méfiance permanente, plutôt qu’à un phénomène clairement repéré et analysé. Ils en déduisent un certain nombre de pistes d’amélioration, plaidant notamment pour que des expertises multidisciplinaires se mettent en place avec de nouvelles approches en termes d’anticipation et de résilience.