[Cet article est initialement paru en octobre 2014] Alors qu’un plan Big Data vient d’être présenté par les autorités début juillet pour engager la France dans la course à l’utilisation commerciale et scientifique de certaines données personnelles (data mining), la question de la protection de celles-ci semble reléguée au second plan. Pourtant, le développement de cette économie des données personnelles a des répercussions ontologiques et éthiques particulièrement insidieuses rappelle Pierre-Antoine Chardel, professeur de philosophie sociale et d’éthique à Télécom Ecole de Management. Les logiques industrielles qui se développent en faveur de l’exploitation des données personnelles laissent présager de graves confusions entre les informations que nous laissons au gré de nos navigations sur la toile (ou de nos achats en ligne) et ce que nous sommes. Faire entendre la voix de ce qui n’est pas quantifiable constitue en ce sens un défi socio-philosophique de premier plan.