Frédéric Bardeau & Nicolas Danet

« Don’t worry, we’re from the Internet » – Anonymous

[Cet article est initialement paru en décembre 2012] Anonymous divise les observateurs. S’il ne fait aucun doute que ce groupe hacktiviste représente une menace de première importance pour les entreprises autant que les Etats, nombre d’experts reconnaissent une ligne politique à l’organisation qui la distinguerait des autres groupes cybercriminels et lui conférerait sinon une légitimité, au minimum une identité à part entière. Il convient de reconnaître que la ligne d’Anonymous, à savoir l’attaque de ceux qui « portent atteinte à la liberté de l’information, d’expression et à la neutralité du réseau » est globalement respectée, au point que l’organisation a récemment pris ses distances avec Wikileaks dont elle conteste la gouvernance. Pour autant, le mobile d’Anonymous ne les exonère en rien des actes de sabotage dont ils se rendent responsables. Dans cet article, Frédéric Bardeau et Nicolas Danet, co-fondateurs de l’Agence LIMITE et auteurs de Anonymous (FYP Editions, novembre 2011) vont même plus loin en affirmant que « Anonymous ne pose pas de problèmes de sécurité, qu’elle soit informatique ou nationale » et que le mouvement ne doit pas être considéré à l’aune de la cybercriminalité mais simplement comme la manifestation de la contre-culture connectée. Derrière cette euphémisation qui n’engage que ses auteurs dans cet article publié en « libre propos » se cache une thèse, celle consistant à minimiser la réalité d’une « cyber-guerre » réelle ou à venir, tout du moins à circonscrire celle-ci aux seuls Etats et non aux groupes du type Anonymous. L’organisation serait, toujours sous une forme pour le moins euphémisée, l’incarnation « un peu débridée de l’éthique hacker ». Ce positionnement éthique tiendrait au fait qu’Anonymous ne détruit pas, contrairement aux crackers, et que ses membres ne s’enrichissent pas personnellement, contrairement aux cyber-criminels. Les auteurs défendent l’idée qu’Anonymous s’inscrirait sur la toile dans la continuité des mouvements sociaux qui fleurissent partout dans le monde ces dernières années (Indignés, Occupy Wall Street, printemps « arabes » et « érable », révoltes chinoises, etc.). Catégoriser Anonymous en « menace criminelle » serait donc une erreur d’appréciation manifeste. Reste que, pour l’heure, l’intrusion informatique et le vol de données sont juridiquement considérés comme telles.

  Télécharger l’article [« Don't worry, we're from the Internet » - Anonymous] en version PDF   John Arquilla et David Ronfeldt, dans un célèbre article de la Rand en 1993, annonÃ
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