[Cet article est initialement paru en février 2014] La réforme de la loi de 1983 a eu, comme bien souvent, pour effet de noircir a posteriori le texte autant que le cadre contextuel dans lequel elle a été adoptée. Cédric Paulin, chargé de mission à la Délégation interministérielle à la sécurité privée (Disp), revient sur les circonstances qui ont présidé à sa rédaction pour mettre à mal nombre d’idées reçues. Présentée aujourd’hui comme circonstancielle et défiante, car mettant fin à l’ère des « milices patronales » notamment, cette loi s’est non seulement avérée favorable au développement d’un marché de la sécurité privée, mais elle répondait aussi à un besoin croissant de sécurité quotidienne face à la hausse de la petite délinquance et des cambriolages dans les années 1980. Loin d’être une loi d’appoint, adoptée dans l’urgence, l’auteur rappelle que la loi de 1983 a été soigneusement préparée, expression d’un équilibre entre un changement du paradigme sécuritaire à cette époque (y compris au niveau européen) et une aspiration sociétale à la protection des libertés individuelles et collectives.