[Cet article est initialement paru en avril 2013] Le Tribunal Populaire Suprême de Chine a récemment soumis les employés des entreprises d’État aux mêmes règles de réserve que les fonctionnaires. Une preuve, s’il en fallait encore, de la volonté des autorités chinoises de contrôler les grandes entreprises nationales. Le but recherché ? Eviter que l’information stratégique ne finisse entre les mains des acteurs étrangers. Dans cette bataille concurrentielle, la Chine s’est également dotée d’une stratégie offensive, destinée à capter l’innovation étrangère. Marie-Pierre Van Hœcke, Chef du pôle recherche & innovation à la D2IE (Délégation Interministérielle à l’Intelligence Economique) avance que cet arsenal a pour objet affiché de rattraper le retard technologique qu’accuse la Chine par rapport aux puissances internationales. D’atelier du monde, la Chine aspire à en devenir le laboratoire, au point de développer un corpus juridico-légal entièrement tourné vers le pillage ou la réappropriation des inventions étrangères : promotion d’un patriotisme industriel agressif, captation du contenu des brevets étrangers, rachat d’entreprises à haut potentiel scientifique, obtention des codes sources de logiciels implantés dans le matériel importé en Chine, alimentation d’une industrie de la contrefaçon… La conclusion de l’auteure est sans appel : à mesure que l’agressivité industrielle chinoise s’accroît, l’Europe se montre de plus en plus laxiste.