[Cet article est initialement paru en juin 2013] Avec des entreprises de sécurité privée de renommée internationale comme Garda World, le Canada jouit d’une réelle expertise en la matière et ressemble à certains égards au marché américain très tôt tourné vers l’externalisation des missions de sécurité. Toutefois, Massimiliano Mulone, chercheur à l’Université de Montréal, considère dans cet article qu’à l’inverse de la Grande-Bretagne ou des Etats-Unis, les raisons de cet essor sont moins à chercher du côté des coupes budgétaires dans les services de police que dans les transformations législatives qui ont parcouru le Canada durant les années 2000 et qui élargissent le périmètre de ce qui relève de la sécurité privée. Si le cadre de régulation varie sensiblement selon les provinces, l’auteur identifie deux caractéristiques communes à l’ensemble des nouvelles législations provinciales : l’élargissement de leur champ d’application et la mise en place de standards de formation. Une seconde tendance dans l’univers de la sécurité privée canadienne touche à l’interaction grandissante de cette industrie avec la population, l’espace public et la police. L’auteur en conclue au risque de « collusion de rationalités » entre les producteurs publics et privés de sécurité qui déterminera en grande partie l’avenir de la sécurité privée au Canada.