[Cet article est initialement paru en mai 2012] Le Nigeria fait partie de ces États comptant une capitale politique, Abuja, et une capitale économique, Lagos, qui est considérée comme l’une des plus grandes villes du continent africain, mais également des plus dangereuses. Marjolaine Paris, docteure en sociologie et auteur d’une thèse sur les milieux d’affaires franco-nigérians, dessine dans cet article le contexte criminogène qui prévaut dans les capitales nigérianes. Les structures sociales, politiques et économiques alimentent une violence urbaine vécue à des degrés distincts selon l’histoire et le contexte d’implantation de chacune de ces capitales. L’auteur évoque les défis sécuritaires qui s’imposent aux entreprises opérant au Nigeria, confrontées à la fois à l’insécurité propre à chaque ville et à celle liée à l’organisation complexe mise en place dans un système à deux capitales : trajets fréquents, double localisation des équipes et des structures opérationnelles / représentatives. Afin de pallier les déficiences de l’État en matière de sécurisation de l’espace urbain, les entreprises se doivent de déployer des stratégies internes (contrôle des moyens de transports et de l’habitat) tout en sollicitant un soutien extérieur auprès d’entreprises de sécurité privée.