[Cet article est initialement paru en avril 2018] L‘« affaire Renault » défraya la chronique en 2011. Commencée par une lettre anonyme le 17 août 2010, elle s’emballe médiatiquement en janvier 2011, avec le licenciement quasiment en primetime par Renault de trois cadres supérieurs accusés d’espionnage industriel au profit de la Chine. Mais l’affaire prend une tournure politique, et suite à l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « espionnage » confiée à la DCRI, l’absence de preuves éclate au grand jour, le dossier s’effondre, et dès mars 2011, le procureur de la République de Paris Jean-Claude Marin estime que l’affaire d’espionnage présumé chez Renault ne relève en réalité que d’une « possible escroquerie au renseignement ».
Après un emballement médiatique sans précédent et une crise diplomatique entre la France et la Chine, non seulement les enquêtes de la DCRI et les révélations journalistiques disculperont les 3 cadres, mais les investigations révéleront des scénarios similaires dès 2008, à l’occasion de deux autres enquêtes visant des salariés, en Russie et en Belgique. L’enquête judiciaire conclura à l’« existence de manœuvres frauduleuses afin de tromper le groupe Renault quant à la réalité des suspicions de corruption pesant sur les différents cadres », au sein même du propre service de sécurité de Renault.