[Cet article est initialement paru en septembre 2012] À l’heure où la France réfléchit à l’externalisation de prestations de sécurité et de défense à des « Entreprises Militaires et de Sécurité Privée » (EMSP), la question de la reproduction du modèle anglo-saxon d’externalisation de la sécurité se pose avec acuité. Olivia Mazzucotelli, analyste dans le secteur de la défense au sein de la société Racine, évoque les enjeux qui entourent cette problématique et défend l’idée que le développement incontrôlé de ces entreprises aux États-Unis autant que les retours d’expérience mitigés d’Afghanistan et d’Irak ne permettent pas une reproduction de ces EMSP en l’état. En revanche, à condition de tirer les leçons de ces enseignements, elles pourraient constituer un excellent instrument politique et économique au service de l’État français. L’auteur redoute que leur légalisation se heurte à des réticences culturelles liées au souvenir du « mercenariat », une notion dont l’obsolescence n’est plus à démontrer face au développement de ce que le SGDSN préfère qualifier d’« Entre- prises de Services de Sécurité et de Défense » (ESSD). Pléthore de subterfuges permettent en effet à ces dernières de contourner le droit national. Ainsi, le développement d’un modèle français en syntonie avec nos intérêts et nos valeurs apparaît tout aussi positif que rendu nécessaire par l’actualité.